Sequentially yours…

Jean daubas & collection madeleine millot-durrenberger 

vernissage jeudi 22 mai 2025 à 18h30

du 22 mai au 31 juillet 2025

Du mercredi au dimanche de 14h à 18h

galerie du cri des lumieres – CHÂTEAU DE LUNÉVILLE -commun sud

La séquence photographique se définit par une suite ordonnée d’images à la différence de la série photographique qui regroupe une collection d’images se rattachant à un même sujet, mais non dépendantes les unes des autres. C’est bien entendu la notion de succession ordonnée d’images (l’ordre étant décidé par l’auteur) qui fait la spécificité du genre désigné par « séquence photographique ».
Dans une séquence, il y a toujours interdépendance des images entre elles.  La pratique de la séquence photographique est née dès le XIXe siècle, dans les années 1880 quand on s’intéressa à la photographie pour tenter d’analyser le mouvement par décomposition en une succession d’images fixes. C’est l’époque des pionniers de la chronophotographie qui s’est poursuivie au XXe siècle parallèlement aux évolutions technologiques (flash, stroboscopie, etc.).
Au XXe siècle la séquence photographique se généralise grâce à la diffusion de la presse illustrée, car elle permet dans une suite chronologique de saisie d’instants du réel de proposer au lecteur un véritable « récit en images ». Plus tard, débordant l’aspect purement documentaire, la mise en séquence de fictions aboutira au « roman-photo ».
C’est surtout à partir des années 1960/1970 que certains auteurs-photographes se réapproprient le procédé pour le mettre au service de leur créativité, échappant ainsi au dogme de l’instant décisif, puisque, par définition, une séquence implique toujours une durée
Bien entendu, cette utilisation de la séquence à des fins créatives a ouvert le genre à des formes très variées portées par les uns ou les autres. Quelques exemples : séquences narratives fictionnelles de  Duane Michals, mais aussi de Michel Journiac séquences humoristiques absurdes d’Elliott Erwitt ou du couple Anna et Bernhard Blume, séquences répétitives (Roman Opalka, les Brown sisters de Nicholas Nixon, Denis Roche), séquences « surbanalistes » de Bernard Plossu et bien d’autres encore..

L’approche de Jean Daubas :
Il y a plus de 50 ans, dès les années 1970, quand j’ai commencé à m’intéresser sérieusement à la photographie et à la pratiquer de manière régulière, j’ai réalisé mes premières séquences et, depuis, je n’ai jamais cessé d’en construire, qu’elles soient simplissimes ou complexes, résultantes de protocoles élaborés.
Cette attirance et ce besoin de travailler en séquences n’est nullement le fruit d’un hasard. Avec le recul du temps et le regard critique porté sur mes pratiques, je peux dire que la création de séquences photographiques s’inscrit avec une complète cohérence dans le restant de mon travail photographique.
En effet, depuis toujours, ma sensibilité m’a poussé à interroger la question des « représentations » sous toutes leurs formes (littéraires, picturales, théâtrales, musicales, etc.) en regard du « réel ». Et, très tôt, j’ai choisi d’expérimenter la photographie pour tenter de trouver ne réponse à la question : « Comment passe-t-on de la réalité à l’image du monde ? ».
On voit surgir là le mot « passage » si important pour définir mon travail car, à l’opposé d’une simple capture d’instants, mes images, très souvent présentées en « séquences » expriment les lentes traversées que mon regard opère dans l’espace et/ou le temps. Parallèlement aux séquences, je pratique également beaucoup l’approche par le biais de la camera obscura et de son application dans la photographie au sténopé qui me permet de questionner « concrètement » la question de la traversée et du passage entre réel et image. Une des œuvres présentées à l’exposition combinera ces deux pratiques (séquence et sténopé) dans une recherche sur la question de la perception du temps dilaté et/ou du temps compressé.
Toutes les œuvres présentées s’appuient sur une forte présence au réel (le terrain) et j’utilise la séquence photographique pour faire advenir de nouveaux champs de perception combinant territoire et durée, banalité et beauté, éléments du réel et apports imaginaires dans lesquels j’engage parfois mon propre corps.
Déclinées selon des protocoles variés, plus ou moins complexes, mes approches photographiques sont toujours des explorations, des traversées où, dans un balancement entre instant et durée, c’est l’espace de l’entre-deux séparant les images les unes des autres qui offre au regardeur ainsi qu’à moi-même une échappée possible dans l’imaginaire… 

partenaires

En partenariat avec le Ministère de la culture/DRAC Grand Est, la Région Grand Estle Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle, le Château de Lunéville.

Back to Earth 2003 – (c)Jean Daubas

A Single Flowing Minute 2014 – (c) Jean Daubas