« Sculpteur de lumière »

michel séméniako

du 30 septembre au 7 novembre 2021
14h-18h / we : 10h-12h et 14h-18h / fermé le mardi 

vernissage en présence de l’artiste LE jeudi 30 septembre à 18h30 – galerie du cri des lumieres

« Sculpteur de Lumière »

La photographie de Michel Séméniako a d’abord été histoire de noir et blanc, prise de jour. Il cadrait serré et s’intéressait à la calligraphie tracée par l’érosion dans les roches, dans une manière proche de l’école américaine de paysages, de Callahan et de Weston. Puis, au hasard de promenades nocturnes en montagne, il découvre l’expressivité du paysage la nuit, éclairé ponctuellement avec la lampe torche. Michel Séméniako voyage beaucoup, part en Inde, en Afrique et y photographie les lieux sacrés dont il redessine – lors de la prise de vue et au moyen de faisceaux lumineux -, les contours de l’environnement architectural et naturel. Puis dans les années quatre vingt-dix, il vient à la couleur et cette fois « peint » le paysage avec des torches colorées ; à la manière expressionniste, les troncs se révèlent pourpres, les branches d’un jaune éclatant et les herbes bleues. Michel Séméniako est un artiste « chaman » : homme invisible devant l’objectif, il évolue en constant mouvement dans le cadre de l’image et met au jour, le temps de la prise de vue, une nature rêvée et vibrante. Il propose de se ré-approprier notre environnement : là où la marchandisation croissante du territoire laisse des cicatrices béantes et pérennes, l’artiste caresse le paysage de touches colorées, dans une manière sensible, aussi poétique qu’éphémère.

« Un paysage est toujours l’image d’un territoire. Tel un palimpseste, il enregistre toutes les traces des micro et méga événements qui se sont déroulés à sa surface. Il retrace souvent l’histoire des hommes qui l’on habité, transformé, exploité et qui l’on marqué de multiples empreintes et signes. Il est l’image fidèle de son histoire, son « présent historique » (Jacques Le Goff, Histoire et  mémoire).

La réalité du monde à laquelle nous croyons ne nous est perceptible qu’à travers un mille feuilles d’images. La transformation du monde en images puis des images en réalité passe par le langage, la réalité est alors redoublée de la fiction (la perspective, le cadrage,, la lumière, la composition, la matière, le contraste etc…). […]

Ce que l’on voit de l’image, c’est alors autant la représentation du réel que l’action de création de son auteur, son expérience sensible de la chose photographiée, qui nous fait douter de la véracité de l’image. Louis Aragon parlait du « mentir vrai ». L’image photo est toujours dans une relation ambiguë au réel, et le paysage n’y échappe pas, il relève toujours d’une intention, il nous faut comprendre les propositions qui sont contenues dans les images. Nous sommes entourés d’éléments eau-terre-nuages-soleil-montagnes-fleurs-prairies auxquelles nous avons donné le nom de nature, c’est à travers sa représentation sous forme de paysages que nous pouvons comprendre les diverses formes de notre sentiment de la nature. De modèle aux débuts de la photo, la nature est devenue le support de la création aujourd’hui. […]

Je produits une lecture du lieu en le recomposant avec la lumière et la couleur La nuit est le moment propre de cette action. Elle enveloppe tout, elle remet à zéro ce que le soleil hiérarchise le jour par la lumière qu’il impose. Notre infirmité nocturne, notre aveuglement stimule notre imaginaire, notre 6e sens pour entrer en communication avec les éléments. L’outil de cette communication est pour moi la lumière. Elle transperce la nuit non pour montrer, mais pour révéler les objets tel que je les perçois, pour les installer dans une relation de tension entre eux dont naitra le potentiel de fiction proposé aux spectateurs de l’image et montrer si possible qu’il y a quelque chose derrière les choses et que ce quelque chose, c’est notre relation au monde. II faut dire que cette lumière, je la tiens à bout de bras en parcourant l’espace cadré par l’objectif, c’est donc une lumière active, qui ne prend pas en compte les règles classiques de l’éclairage, elle est la trace de mon déplacement dans l’espace et le prolongement de mon regard qui l’explore. La restitution de l’espace se fait dans la durée de mon parcours (de 3 minutes à deux heures) et dans l’action que j’exerce avec la lumière. Je cherche à donner au paysage une profondeur de temps, la trace de ma lumière est une simulation de cette durée. »

partenaires

En partenariat avec le Ministère de la culture, la Région Grand Estle Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle, le château de lunéville

Le dit « Pont Van Gogh », Arles, 2014

©Michel Séméniako